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L’Aphasie, le mal des mots

by Nelly
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Aphasie – © FNAF

Cette semaine, c’est la semaine nationale de l’aphasie. En quelques chiffres, on estime à 300 000 le nombre de personnes touchées par l’aphasie en France. Et chaque année, il y en a 30 000 de plus… Pourtant,c’est un mal encore trop méconnu. Explications.

Ne pas trouver ses mots. Voilà le quotidien d’une personne aphasique. Non pas parce qu’elle les a oubliés, mais parce qu’ils ne veulent pas sortir.

Qu’est ce que l’aphasie ?

L’aphasie vient du grec « phasis » (parole) et signifie « sans parole ». Généralement, elle est la conséquence d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) mais peut aussi se déclencher après un traumatisme cranio-cérébral.

L’aphasie peut toucher tout le monde, à tout âge, les hommes comme les femmes. Elle se symbolise par la perte totale ou partielle de la capacité de communiquer. Les personnes aphasiques doivent alors réapprendre à parler, lire et écrire, ce qui entraîne des répercussions sur leur vie quotidienne ainsi que sur celle de leur famille.

Car tout ce qui était naturel avant comme les simples faits de discuter, de téléphoner, de lire le journal ou encore d’écrire une lettre peuvent devenir difficiles voire impossibles à réaliser.

Les deux principales types d’aphasie

Le cerveau commande le langage, qui est situé dans l’hémisphère gauche. La perturbation des différentes activités du langage (parler, comprendre, lire ou écrire) dépend de la localisation et de l’ampleur de la lésion. Il existe donc plusieurs types d’aphasie.

Lorsque l’aire de Broca est touchée, on parle d’aphasie de Broca. Située sur l’hémisphère gauche du cerveau chez un droitier, c’est l’aire cérébrale responsable du traitement du langage. Lorsque des lésions apparaissent dans cette aire, le patient présente alors des troubles oraux et écrits alors que la compréhension est peu touchée. Il a alors du mal à trouver les mots exacts et s’exprime au ralenti avec un rythme « haché ».

A cela s’ajoute généralement des problèmes d’articulation ainsi que des problèmes de structuration de phrase. L’aphasie de Broca peut être associée à une hémiplégie (paralysie) du côté droit si c’est l’hémisphère gauche du cerveau qui est lésé.

S’il y a des dommages dans une aire du cortex temporo-pariétal, dite aire de Wernicke, c’est la compréhension du langage qui est affectée. On parle alors d’Aphasie de Wernicke. Contrairement à l’aphasie de Broca, la syntaxe et la grammaire sont peu touchées, le vocabulaire ne perd pas en richesse et l’articulation ne pose aucun problème. Cependant la compréhension écrite ou orale est perturbée. De plus, le débit est rapide voire incontrôlable. Le discours devient donc difficilement compréhensible car les mots ou les propositions s’enchainent sans suite logique.

Trouble de la parole et non trouble psychologique

Maux d'aphasie en dessin - Sabadel

Maux d’aphasie en dessin – © Sabadel

La rééducation est une phase difficile pour les personnes aphasiques qui doivent retrouver un équilibre dans la communication. Le but premier n’est pas d’exercer le langage mais de préserver l’échange quel qu’il soit avec l’entourage. L’environnement familial doit donc s’adapter à un nouveau mode de communication afin de leur faciliter l’expression et la compréhension : parler lentement, faire des phrases courtes,…

Communiquer leur demande beaucoup de concentration et ils doivent fournir un effort permanent pour parler. Car une personne aphasique sait ce qu’elle veut dire mais ne peut l’exprimer avec des mots. C’est pourquoi la patience de l’entourage est primordiale, il faut savoir leur donner du temps même si cela provoque des « blancs » dans une conversation et surtout ne pas leur couper la parole.

Un trouble de la parole n’est pas un trouble psychologique ou un handicap mental. Bien qu’il n’arrive à parler, il est important de comprendre qu’un aphasique conserve son intelligence et sa sensibilité.

Le soutien familial est bénéfique pour sa récupération.

S’entourer pour s’en sortir

Daniel GAGNEUX est passé par là. Il y a 15 ans, l’année de ses 50 ans, il a ressenti des fourmillements dans la main droite « Je n’arrivais pas à tenir un stylo… ». Quelques semaines plus tard, alors qu’il lisait le journal, il ne comprenait plus le sens des mots « J’ai voulu les lire à voix haute, mais c’était incompréhensible ».

Malgré cela, il est allé travailler mais en arrivant, c’est à peine s’il pouvait dire bonjour… L’après-midi, il s’est alors rendu chez son médecin traitant « Il m’a écouté les carotides et m’a dit que c’était grave… ». Son artère était bouchée et il était en train de faire un AVC. « J’ai été transféré à la clinique pour être opéré, il fallait enlever le bouchon qui obstruait l’artère, empêchant le sang d’irriguer mon cerveau ».

L’opération s’est très bien déroulée, mais alors qu’il était en salle de réveil, un caillot s’est formé et il a fallu le ré-opérer en urgence pour faire un pontage. « A mon réveil, j’étais paralysé et aphasique ».

Aujourd’hui, Daniel a gardé des séquelles et peu de sensations dans la main droite. Après des mois de rééducation orthophonique, il a retrouvé la parole et à l’entendre on ne suppose pas qu’il est aphasique, mais plutôt qu’il a un petit accent étranger. « Les gens qui ne me connaissent pas pense que j’ai des origines d’Europe de l’est. », confit-il en souriant.

Il s’est alors investi dans l’association Le Roseau, pour laquelle il est vice-président, association qui accompagne les personnes aphasiques dans la Drôme depuis 1994. « C’est un moyen de réunir les gens touché par l’aphasie en organisant des activités, des sorties… Mais aussi pour éviter l’isolement. »

Car l’isolement est un fléau que les associations tentent d’éviter. Les personnes touchées par l’aphasie ne doivent pas s’emmurer dans leur silence et rencontrer d’autres aphasiques est un bien fait psychologique pour la rééducation.

L’aphasie est un combat pour lequel il ne faut jamais baisser les bras. Daniel est un exemple, il s’est battu et aujourd’hui il aide les autres à s’en sortir. Toujours avec le sourire.

Source : Fédération Nationale des Aphasiques de France

© Nelly SEILER

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