Hervé Ghesquière, Stéphane Taponier et leur interprète Reza Din ont été libérés aujourd’hui mercredi 29 juin 2011. Retour sur 18 mois d’actions.
Libres! Ils sont libres!
Voilà ce que vont sans doute afficher les journaux et les banderoles des otages dès demain.
Détenus depuis le 30 décembre 2009, les deux journalistes de France 3 et leur accompagnateur avaient été enlevés en Afghanistan alors qu’ils réalisaient un reportage dans la province de Kapisa, pour le magazine « Pièces à conviction« .
Un début difficile
Les premiers jours, les otages ont été constamment déplacés à pied, empêchant leur localisation. Commence alors un jeu de pistes compliqué pour la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) qui essaye d’établir le contact avec les ravisseurs.
Quelques jours plus tard, l’Elysée annonce que les deux journalistes sont en vie, mais qu’aucune négociation n’a été engagée par les talibans. Le président de la République avait alors reproché une « imprudence vraiment coupable » de la part des deux journalistes.
« Les journalistes font leur travail, que les politiques fassent le leur«
Les propos de Nicolas Sarkozy avaient alors provoqué la colère du Syndicat National des Journalistes (SNJ) et de Reporters Sans Frontières (RSF), rétorquant que l’on ne peut les « accuser de faire leur métier ! « . « Ces déclarations sont odieuses, tant à l’encontre de nos deux camarades, qu’à l’encontre de l’ensemble de la profession« , avait déclaré Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT de France Télévisions au journal Le Monde.
Des journalistes, dont Florence Aubenas, ex-otage et marraine du comité de soutien à Hervé et à Stéphane, ont alors signé un texte de soutien afin que la réputation de leurs confrères ne soit pas « salie ».
Des otages soutenus
En avril 2010, une vidéo filmée par les ravisseurs est diffusée sur Internet montrant les deux journalistes, amaigris, en train de lire un texte où ils demandent au Président de la République de contenter les attentes des Talibans. Plusieurs comités de soutien voient le jour dans toutes les villes, multipliant les actions pour faire libérer les otages.
France Télévisions a également mis en place un décompte quotidien des journées de détention des journalistes, pendant que Nicolas Sarkozy assurait faire « tout ce qu’il faut » pour leur libération.
Des actions suivies et riches en symboles
Banderoles, bracelets, badges et concerts, les comités ne reculent devant rien pour que les otages ne soient pas oubliés et organisent régulièrement des rassemblements. Aux 100 jours, plusieurs banderoles ont été déployées, affirmant « 100 jours sans eux : c’est pas une rumeur » ou encore « On pense à vous« .
Une pétition a alors été lancée par des amis des deux journalistes intitulée « 100 jours, c’est long. Trop long« , soulignant: « C’est la noblesse du journalisme et la garantie d’une information indépendante que de continuer à couvrir des zones de conflits malgré les dangers (…) C’est l’honneur de la profession, (…) de tout faire pour les libérer« . Des messages de soutien ont également mobilisé les chaînes de France Télévisions.
Pour les 200 jours, c’est le Tour de France qui s’est mobilisé et la 13e étape, entre Rodez et Revel, a été le cadre de plusieurs actions. Sans compter les bâches géantes de 20 mètres de long qui ont été déployées sur les grilles du jardin du Luxembourg, à Paris mais aussi dans d’autres villes françaises mentionnant, « Tenez bon » ou encore « Hervé, Stéphane, courage« . Mais également la mobilisation de tous les journalistes qui ont profité de chaque occasion pour montrer leur soutien jusqu’à déployer le portrait de Stéphane et Hervé à 4 810 m d’altitude, au sommet du Mont Blanc où l’on pouvait lire « Nous ne vous oublions pas« .
Les 300 jours ont été marqués par un concert gratuit organisé par France Télévisions au Zénith de Paris où de nombreux artistes se sont réunis. TV5 Monde s’est allié à Radio France Internationale et a diffusé la soirée à l’international, notamment en Afghanistan. Depuis le 1er juillet, RFI avait effectivement mis son antenne à la disposition des proches de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière. Pendant trois minutes, ils pouvaient leur adresser des messages personnels, avec l’espoir d’être entendu, directement ou indirectement, jusque dans leur lieu de détention.
Les 400 et 500 jours ont également été marqués par des manifestations partout en France comme la plantation de 400 pensées au jardin du Luxembourg, des banderoles à leurs effigies ou encore un regroupement Place de la Comédie à Montpellier où des gens vêtus de noir se sont enchaînés et bâillonnés formant une chaîne humaine et dessinant le chiffre 500.
Une libération qui soulage
La nouvelle est tombée alors qu’un rassemblement était organisé pour les 18 mois de détention près du parvis de Beaubourg, à Paris. Ils rangeaient leurs banderoles lorsque Béatrice Coulon, femme d’Hervé Ghesquière, a reçu un coup de téléphone de Nicolas Sarkozy, lui annonçant la bonne nouvelle. « Ils sont libres » s’est elle écriée après avoir raccroché, provoquant une explosion de joie à Beaubourg où la mère de Stéphane Taponier a bien failli « s’évanouir« . (Source: L’Indépendant)
Récupérés par la DGSE, les deux journalistes se sont rendus à l’ambassade de France de Kaboul et devraient arriver à Paris demain matin à 8h à l’aéroport de Villacoublay.
Soutenus jours et nuits, la libération d’Hervé et Stéphane est un grand soulagement pour leurs familles mais aussi leurs confrères qui se sont mobilisés durant ses 547 jours et ont tout fait pour que l’on ne les oublie pas.
La raison de leur libération n’est à ce jour pas encore connue, certains parlent de rançon, d’autres de conséquences du retrait de plusieurs centaines de soldats français en Afghanistan d’ici à la fin de l’année, mais d’autres soutiennent aussi la mobilisation qui ne s’est jamais atténuée en 547 jours.
Une chose est sûre, l’heure est à la fête et ils sont attendus de pied ferme demain matin à l’aéroport de Villacoublay !